Sud Education Calvados
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Lycée professionnel Victor Lépine
Déclaration des élu-es SUD éducation
CA du 30 juin 2015

 

Monsieur le proviseur dans un courrier daté du 11 juin, vous informez les collègues que vous mettez à l’ordre du jour la validation de la démarche de labellisation « lycée des métiers » de notre lycée ainsi que la validation des demandes de modifications de structure.


Nous élu-es sur la liste SUD éducation tenons à expliquer pourquoi nous voterons contre cette démarche de labellisation et pourquoi il faut distinguer les 2 démarches.


Sur la forme, tout d’abord :


Nous avons donc appris pour la première fois, le 11 juin dans le courrier d’annonce du CA de ce soir votre volonté de lancer le lycée dans de vastes projets qui auraient mérité un peu plus de dialogue et d’implication des équipes en amont.


Pourquoi un tel empressement, des délais si courts, de surcroît en fin d’année scolaire ?


Nous avons sollicité les collègues pour savoir si des équipes d’enseignantes avaient été approchées pour discuter des ouvertures et des fermetures de sections que vous proposez et de la labellisation. Aucune équipe n’a été récemment sollicités, ni sur cette labellisation des métiers ni sur les modifications de structures que vous proposez. Pour le BTS Gestion administration, le dernier travail de l’équipe enseignante date de 2011. Pour la suppression du CAP esthétique les collègues n’ont pas été sollicitées.


Sur le fond maintenant,


Tout d’abord, Il faut distinguer, séparer 2 problématiques, qui sont indépendantes l’une de l’autre même si votre courrier daté du 11 juin laisse à penser le contraire. En effet les modifications de structures sont possibles dans les lycées professionnels sans labellisation « lycée des métiers » et le BTS ne fait pas exception à la règle.


Ceci dit, il est nécessaire de rappeler pourquoi les représentants de la liste SUD éducation voteront contre la labellisation « lycée des métiers ».


Le lycée Victor Lépine ne sera pas plus lisible, visible une fois labélisé, c’est la qualité des formations proposées qui fait la différence pas un label.


De plus, l’offre de formation du lycée Victor lépine n’est pas construite autour d’un ensemble cohérent de métiers, conditions rappelées par l’article D335-1 du code de l’éducation qui définit le lycée des métiers. En effet quelle cohérence existe-t-il entre le Cap métiers du pressing et le Bac Pro GA ? A plus ou moins brèves échéances la volonté ne serait elle pas de supprimer certaines sections telle la filière tertiaire pour atteindre cette cohérence ?


Sans doute le point le plus problématique de cet article D335-1 est que le lycée des métiers doit accueillir des publics de statuts différents, c'est-à-dire des élèves en formation initiale sous statut scolaire, des adultes en formation continue et des apprenti-es. La volonté s’est de faire cohabiter dans une même classe tout ces publics différents, non pas pour des raisons d’efficacité pédagogique, non pas pour concrétiser la mixophilie de nos décideurs au niveau ministériel mais bien évidement dans un souci d’économies d’échelles et de suppressions de moyens alloués aux établissements publics d’éducation. Nous dénonçons cette mixité car celle-ci dégrade les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail du corps enseignant. On pourrait donner des exemples de disfonctionnements de classes mixées par dizaines, mais le temps nous manque.


Pour les classes autonomes d’apprenti-es dans les lycées professionnels et lycées des métiers, les collègues intervenant dans ces classes sont rémunéré-es en proratisant avec un coefficient à 0.56 (20 semaines de présence en entreprise sur 38 semaines sur l’ensemble de l’année). En somme ces personnels travaillent 2 heures payées 1 heure. On considère donc que les apprentis lorsqu’ils travaillent en entreprise ne sont plus sous la responsabilité des enseignantes et enseignants, donc que la formation professionnelles au sein des entreprises leur échappe totalement. Cette proratisation est scandaleuse et oblige les collègues à travailler certaines semaines bien au-delà du nombre d’heures statutaires hebdomadaires pour toucher leur rémunération à temps plein. Cette proratisation est contraire à notre statut et nous veillerons à ce que nos statuts soient respectés, et qu’aucune pression individuelle ne soit exercée sur les collègues pour les amener à accepter dans des formations d’apprenti-es.


C’est notre expérience de terrain, les retours d’expérience très négatifs des collègues qui subissent cette mixité qui nous dictent ces propos et non pas des considérations idéologiques comme vous l’affirmez dans votre courrier du 11 juin monsieur le Proviseur !


Plus généralement, la volonté de ce gouvernement comme des précédents c’est de nous faire croire à longueur de journée que l’apprentissage serait la panacée contre tous les maux dont souffre la société actuelle, chômage de masse, décrochage scolaire, radicalisation d’une partie des jeunes etc… Des slogans publicitaires nous assomment d’arguments simplistes, nous rappellent les exonérations de charges pour les entreprises qui embaucheraient des apprenti-es par exemple. Mais rien n’y fait, le nombre d’apprentis en France stagne voire régresse et cela se comprend. Les entreprises, les artisans ont autre chose à faire que de s’occuper de formation professionnelle, la recherche du profit imposé par le système libéral étant indiscutablement leur priorité.


Nous nous opposons donc à l’apprentissage dans les lycées professionnels, au moins jusqu’au niveau du bac et affirmons encore une fois ici que seule la formation initiale sous statut scolaire est une formation professionnelle émancipatrice, soucieuse de permettre aux jeunes adultes à l’issue de leur formation de s’intégrer dans la société certes, mais avec les armes nécessaires pour faire valoir leurs droits face à leurs futurs employeurs.


Seule la formation sous statut scolaire assure la permanence d’une offre de formation de qualité pour toutes et tous. Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail et, lorsque la situation économique se dégrade, les possibilités pour les jeunes de décrocher un contrat d’apprentissage se réduisent. Quand les entreprises n’embauchent pas ou peu, elles ne s’engagent pas non plus dans de nouveaux contrats d’apprentissage. Les jeunes à la recherche d’un contrat d’apprentissage se heurtent aux mêmes discriminations à l’embauche que tous les demandeurs et demandeuses d’emploi : femmes/hommes, jeunes issus des quartiers défavorisés ou en situation de handicap. C’est à l’Education Nationale d’assumer son rôle et de maintenir les formations sous statuts scolaires.


Enfin, en ce qui concerne les modifications de structures, nous sommes favorables à la création de BTS au sein du lycée mais sans que cela implique la suppression des CAP. Le CAP est souvent un diplôme pour les élèves les plus fragiles et qui n’ont pas la possibilité ou la volonté de passer un diplôme de niveau 4. La suppression du CAP esthétique et du CAP coiffure au sein de l’éducation nationale fera les beaux jours des instituts de formation privés, ce qui est très regrettable. Le prix exorbitant de leurs formations privera les jeunes des classes les plus fragiles économiquement de bénéficier d’une formation gratuite et de qualité au sein de l’Education Nationale.


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