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Déclaration de SUD Éducation au CTA du 17 novembre 2016 |
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Depuis la rentrée il a beaucoup été question de la réforme de l’évaluation et des carrières enseignantes. Il a aussi beaucoup été question du rapport du Conseil National d’Evaluation des Systèmes Scolaires. Je centrerai donc mon intervention sur ces deux points.
Donc, concernant l’évaluation et les carrières, nous avons suffisamment critiqué le système actuel ici et ailleurs pour ne pas regretter sa disparition prochaine.
Nous avons toujours dénoncé les inégalités salariales dans les déroulements de carrière, des inégalités générées par un système à trois vitesses (choix, mi-choix, ancienneté) jugé suffisamment inopérant pour avoir été supprimé il y a près de 20 ans pour les corps d’inspection.
De la même manière nous avons toujours trouvé absurde et injuste le système d’inspection-notation.
En prétendant rompre avec des pratiques plus que centenaires, le ministère les modernise et emprunte au modèle de l’entreprise privée une nouvelle culture de « gestion des ressources humaines ». Dans cette nouvelle approche hiérarchique, IEN, IPR et chefs d’établissements deviendraient des sortes de managers de carrière et de gestionnaires en formation continue et cela à un moment où la formation continue n’en finit pas de disparaître.
Dans le système actuel l’appréciation hiérarchique détermine une note qui, dans un processus complexe intervient sur le déroulement de carrière et donc sur le niveau du salaire. Désormais cette appréciation hiérarchique déterminera directement qui doit et qui ne doit pas voir sa carrière accélérée dans son déroulement.
Le système actuel comporte deux grades dont l’un n’est pas accessibles à toutes et tous, loin de là. La réforme prévoit la création d’un troisième grade, dit « exceptionnel », ce qui accentuera encore les inégalités de revenus et la mise en concurrence des personnels.
Le seul mérite de la réforme prévue pour la rentrée 2017 sera de concerner pour une fois l’ensemble des enseignants de la maternelle à la terminale.
Nous revendiquons un même déroulement de carrière pour toutes et tous. Nous revendiquons l’intégration des primes au salaire.
Nous affirmons notre volonté de voir l’évaluation totalement déconnectée du déroulement des carrières et des rémunérations.
Nous revendiquons la réduction du temps de service des personnels en présence des élèves pour favoriser ou permettre la concertation des équipes et les échanges pédagogiques entre collègues.
Nous voulons un droit réel à la formation continue choisie sur le temps de service, qui permette aux enseignants de se rencontrer et d’échanger sur leurs pratiques et une augmentation importante des droits à congés formation, sujets sur lesquels le projet ministériel reste totalement muet.
Nous revendiquons tout cela parce que nous refusons d’être des ressources humaines.
Concernant le rapport du CNESCO…
Les études sur notre système éducatif mettent en évidence un creusement des inégalités entre celles et ceux qui sont en réussite et celles et ceux qui sont en difficulté. André Passeron notait déjà cela il y a 20 ans. L’école hérite d’inégalités familiales mais produit en son sein de nouvelles inégalités.
Quelques éditorialistes réactionnaires ont trouvé les supposés responsables et forts de leur ignorance les ont cloué au pilori. Sud éducation a dénoncé ces militants de la bêtise.
Ce rapport du CNESCO met l’accent sur des points qui peuvent donner raison aux analyses d’un syndicalisme intéressé par la question scolaire :
La scolarisation des enfants de trois ans est bénéfique pour les enfants des milieux populaires mais le rapport note qu’elle évolue peu depuis 2012.
Les réformes et les dispositifs s’empilent sans jamais être réellement évalués. Le meilleur exemple réside sûrement dans la succession entre la réforme des lycées et la réforme du collège.
Problème d’une éducation prioritaire qui concerne de plus en plus d’élèves mais qui au final montre peu de priorité en matière d’effectifs d’élèves (1,4 élèves de moins du CP au CM2 et 2,5 élèves de moins au collège).
Dans ce rapport un point revient souvent, celui de la formation continue et de sa raréfaction. Dans un monde dont on ne cesse de nous dire qu’il bouge cet abandon est une véritable aberration. Et quand je dis formation continue je ne parle pas de face à face individuel et contrôlé avec un écran d’ordinateur, je parle de rencontres régulières entre enseignants qui souhaitent échanger sur leurs pratiques et s’enrichir des travaux de la recherche.
Alors oui à une politique volontariste de mixité sociale à l’école et sur ce point nous sommes intéressés par les conclusions de la journée d’étude qui s’est déroulée en octobre à Clermont-Ferrand et à laquelle nous avons tenté de participer.
Cependant je ne peux pas terminer cette intervention sans pointer que le dualisme scolaire intervient de manière croissante comme un élément de ségrégation scolaire. Le financement public de l’enseignement privé c’est en fait un coût supplémentaire pour l’école publique.
Dans l’état actuel des choses, la réussite scolaire des enfants des milieux populaires passe aussi par la nécessaire remise en cause de l’enseignement privé.