Monsieur le recteur,
Aujourd'hui, mercredi 1er février, est une journée nationale d'actions appelée par nos trois organisations syndicales (CGT, FO et Sud Education), pour demander l'abandon du projet d'évaluation des personnels enseignants.
Au Ministère, en ce moment même, une délégation demande à être reçue. Espérons qu'elle le soit car un courrier du 6 octobre, demandant une rencontre sur ce sujet, est restée jusqu'ici sans réponse. Si peu de velléités de dialogue social est dommageable ; néanmoins peu surprenant puisque dans les dernières années, les réformes nous ont été imposées sans concertation réelle. Les organisations syndicales représentant 80% des personnels n'ont jamais été reçues.
La revalorisation des traitements des enseignant-es, indispensable compte tenu de la perte de salaire accumulée depuis des années, est donc soumise à une condition, celle de la réforme des modalités d'évaluation.
Si certain-es d'entre nous réclament depuis longtemps une réforme de l'évaluation, nous sommes dans l'obligation de reconnaître que celle proposée ne convient à aucun-e d'entre nous. La vitesse d'avancement est devenue unique... sauf pour quelques 30 % de « méritant-es » qui pourront connaître des accélérations de carrière : que cela peut-il bien vouloir dire des 70 % autres ? Quelle considération une telle conception reflète-t-elle ? 10% des enseignant-es hors-classe pourraient accéder à une classe dite "exceptionnelle. Comme il s'agit d'un grade fonctionnel, cela aurait pour conséquence la concurrence généralisée entre toutes et tous, détruisant le collectif de travail .
Par ailleurs, la grille d'évaluation va dans le regrettable sens du management propre à l'entreprise capitaliste, où le rendement est de mise : beaucoup de ses items évaluent du travail « en plus », des dimensions comportementales et relationnelles, et reposent donc sur des critères subjectifs... menant à l'arbitraire et à l'individualisation, et in fine à des riques psycho-sociaux et de la souffrance au travail. C'est davantage de pression hiérarchique exercée sur les personnels avec un-e chef-fe d'établissement qui prend une part plus importante dans cette évaluation, à l'image des managers ; mais l'école, monsieur le Recteur, n'est pas une entreprise.
Nous ne sommes pas seulement contre cette réforme, nous portons également des revendications. Nous revendiquons une évaluation qui favorise la coopération sans pression hiérarchique, une véritable formation et une augmentation des rémunérations.