Fédération des syndicats
SUD Education

Déclaration au Conseil Supérieur de l'Education jeudi 30 septembre 2010

M. Le Ministre,
Mmes et M. les membres du Conseil Supérieur de l’Éducation Nationale,


1) Ce 1er CSEN de l’année se tient dans un contexte bien particulier. Le droit à la retraite des personnels de l’Éducation, comme de l’ensemble des salariés, est gravement remis en cause par le projet de loi de votre gouvernement. Après une grève de rentrée inédite qui a marqué notre refus de votre politique éducative, les personnels de l’Éducation se sont majoritairement mis en grève le 7 septembre et le 23 septembre. Les salariés qui descendent par millions dans la rue et la majeure partie de l’opinion sont opposés à votre projet. Pourtant, votre gouvernement, dans un véritable déni de démocratie, s’entête à le faire passer en force au parlement. Dans notre secteur, les personnels ouvriers et administratifs travaillant dans les établissements, les femmes nombreuses dans les métiers de l’Éducation, les précaires aux carrières incomplètes mais aussi la plupart des titulaires rentrés tardivement dans le monde du salariat sont directement touchés et devront le plus souvent partir à 65 ou 67 ans ou avoir une pension amputée. Comme si cela ne suffisait pas il est aussi question de revenir sur la CPA.

2) À cela s’ajoute une dégradation sans précédent dans l’Éducation en cette rentrée. La poursuite de la Révision Générale des Politiques Publiques, avec 16 000 emplois voués à disparaître dans l’Éducation chaque année entre 2011 et 2013 devient insupportable. Même l’inspection générale dans un rapport que vous teniez secret vous met en garde. Votre politique « prépare peu l’avenir », avec une dégradation de l’encadrement en collège pour accueillir dans le second degré 25000 élèves de plus avec 4000 emplois en moins, avec la suppression des emplois de remplaçants, la poursuite de l’asphyxie des RASED, la croissance du nombre de vacataires et l’appel aux étudiants et aux néo retraités de l’Éducation. Nous y ajoutons volontiers une réforme du lycée professionnel qui sacrifie les qualifications et les élèves les plus fragiles et celle du lycée général qui se révélera bientôt pour ce qu’elle est : une baisse programmée des enseignements et un dispositif qui n’offre ni aide réelle ni l’individualisation promise… avant les suppressions de postes dues à la nouvelle 1ère l’an prochain.


Dans le même temps, ceux qui auront cru au "travailler plus pour gagner plus" déchantent : derrière l’ersatz de revalorisation des débuts de carrières des enseignants, l’individualisation de cellesci aboutit bien à une nouvelle baisse en 2009 et on nous annonce le gel salarial pour 2011!


La casse de la formation des enseignants catastrophique pour les lauréats et les élèves est le triste emblème de votre politique : des nominations à temps pleins dès la 1ère année d’enseignement, un compagnonnage chaotique contesté par la profession et qui ne peut remplacer une formation conséquente, la fin de l’année de formation et des IUFM. Pour continuer à supprimer des postes, vous allez provoquer une dégradation voire une crise majeure du système éducatif déjà visible dans la baisse de 25 % en moyenne des inscrits aux prochaines cessions des concours.

3) Pour autant cela ne semble pas troubler M. Châtel, qui en bon porte parole du gouvernement, continue à orchestrer une communication censée plaire à l’opinion la plus conservatrice.


La loi Ciotti adoptée le 14 septembre permet de suspendre les allocations familiales en cas d’absentéisme, réduit en cascade tous les minima sociaux, impose aux écoles et établissements un rapport annuel sur le taux d’absentéisme qui augmentera la concurrence entre eux dans le cadre de suppression de la carte scolaire. Peu importe que cela soit injuste socialement et inefficace comme l’ont prouvé des expériences à l’étranger.
L’essentiel c’est que le président remonte la pente des sondages avant 2012!

Ainsi avec le dispositif CLAIR on passe d’une politique d’éducation prioritaire fondée, certes sans moyens conséquents, sur la correction des inégalités sociales sources d’échec scolaire, à une politique sécuritaire uniquement centrée sur la lutte contre la violence en milieu scolaire. Voilà pour les « classes dangereuses ». À l’autre bout du système les 11 nouveaux internats dits « d’excellence », largement dotés s’adressent à 20 000 jeunes « méritants » issus de milieux défavorisés. Voilà pour la vitrine méritocratique. Les circulaires du 22 juillet signent une politique d’abandon de la grande masse des élèves et singulièrement de ceux les plus en difficulté. Elles s’accompagnent coté statutaire des pires solutions : recrutement local par le chef d’établissement, petits chefs avec les « préfets des études », recours au mécénat d‘entreprise pour compléter la dotation des internats.


4) Dans la même veine, vous avez envoyé un texte sur la discipline dans les établissements, identique à celui repoussé lors du dernier CSE, à la demande quasi unanime des organisations syndicales. Ce texte soumis encore tel quel en commission spécialisée n’a jamais fait l’objet de la large concertation promise en juillet et doit être retiré et soumis à une réelle concertation. Nous contestons toujours l’automaticité des procédures disciplinaires et la saisie du conseil de discipline en cas d’une récidive d’infraction au règlement intérieur. Au delà c’est bien une conception plus punitive qu’éducative qui se dégage toujours du projet de décret. L’autoritarisme en est l’autre marque avec l’introduction d’une commission de vie scolaire composée de personnels choisis par le chef d’établissement alors que les élus du personnel et des parents en sont toujours exclus.


Enfin les deux projets d’habilitation pour des écoles supérieures privées hors contrats nous rappellent votre politique de privatisation rampante des formations professionnelles au détriment de l’enseignement professionnel public.

Retraites, suppressions de postes, destruction de la formation, conception rétrograde de l’éducation, privatisation d’une partie de l’éducation ; comme au sommet de l’État c’est la politique de la fuite en avant qui prévaut dans l’Éducation au détriment de l’intérêt des élèves et des personnels. À SUD nous sommes convaincus que seule une lutte déterminée et prolongée permettra de stopper cette politique mortifère!


Télécharger la lettre


Recherche

Faits marquants en image

En ligne actuellement

Nous avons 44 invités en ligne