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Déclaration de SUD Education CAPA des certifié-e-s du 19 mars 2018 |
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Après la hors-classe, voici la classe exceptionnelle, nouvelle roue de secours de l’État, lui servant de justificatif à son incapacité à augmenter les salaires, justificatif à même les baisser par certains prélèvements alourdis, sans parler des attaques contre la Fonction Publique, la baisse des recrutements des professeur-es. En ces temps de gel du point d’indice, voilà quelques miettes à grignoter, dégringolées d’un pseudo ruissellement des premiers de cordée, mais tous et toutes les collègues ne seront pas invité-es au banquet.
Au ministère on pense toujours que la carotte pécuniaire est la seule motivation poussant nos collègues à faire mieux leur travail. Sans l'attrait d'une meilleure rémunération, s'investiraient-ils ou elles moins dans leurs actions pédagogiques ? Laisser croire que seul l'appât du gain motive les professeur-es, qu’ils et elles ne progressent dans leurs pratiques professionnelles que par la soif de l’argent , est méprisant pour ceux et celles qui accomplissent à bas bruit mais sûrement leur métier et qui œuvrent au quotidien dans l'intérêt des élèves. La seule idée du Ministère pour reconnaître la valeur d’un-e enseignant-e est d’ordre financier, quelle pauvreté d’imagination.
Rémunérer davantage les collègues en fin de carrière, déjà au plus haut des échelons salariaux, au lieu de valoriser les enseignant-es débutant-es, ce n’est pas la voie pour rendre attractif un métier qui en a bien besoin. Plus d’égalité fait si peur, qu’elle ne puisse être appliquée ?
La promotion au mérite individuel ignore les réalités et les besoins pédagogiques en termes de pratiques collectives, et enferme les collègues dans des logiques personnelles menant à la compétition entre pair-es, la culpabilisation et l’auto-dévalorisation. Compétition qui sera exacerbée si la réforme du bac et celle des enseignements au lycée sont effectivement conduites, avec mise en concurrence entre matières majeures et mineures, sans oublier pour les équipes la surcharge énorme de travail et son cortège de souffrances, surcharge induite par l’élaboration et la mise en place de cette nouvelle organisation du lycée, par les futurs contrôles continus d’une lourdeur et inefficacité incompréhensibles. Les exécutant-es en premières lignes sur le terrain seront exceptionnellement récompensé-es plus tard, oui mais pas tous ni toutes.
Pour revenir à cette promotion en classe exceptionnelle, le Recteur traduit les commentaires des chef-fes d’établissement (C.E.) et des IPR en 140, 90, 40 ou 0 points. Quelle est sa grille de lecture, quels sont les mots-clés déterminant positivement ou négativement son avis sur la carrière ordinaire ou exceptionnelle de tel ou telle enseignant-e ? Nous restons fortement dubitatifs/ives car les expressions des C.E. et des IPR portent des qualificatifs souvent identiques, ce qui montre que le choix des promues est finalement basé sur l’ancienneté et non sur les qualités développées par les collègues. L’investissement pédagogique n’est pas reconnu, ces promotions sont détournées du but affiché, renforçant l’inutilité de ce nouveau grade.
Un-e professionnel-le qui connaît son travail n’a pas besoin de l’approbation du pouvoir.
À SUD Éducation nous refusons ce système de plus en plus inégalitaire et injuste, nous refusons que certain-es d’entre nous avancent plus lentement que d’autres dans leur carrière car nous sommes opposé-es à toute forme de salaire au mérite.
Nous réaffirmons notre volonté de voir le déroulement des carrières et des rémunérations totalement déconnecté du jugement hiérarchique, nous revendiquons l’égalité salariale, des augmentations générales des rémunérations, l’amélioration de la pratique de notre métier de manière coopérative et libérée entre collègues et en concertation avec les équipes pédagogiques.