Intersyndicale CGT – SUD-Éducation – UNATOS-FSU de l’Université
Les technocrates de l’AERES en tournée à l’UCBN
Après l’évaluation de certaines équipes de recherche caennaises l’année passée, puis d’une de nos Écoles Doctorales le mois dernier, les technocrates de l’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES) continuent leur tournée à l’Université de Caen cette semaine (le spectacle a lieu dans le bâtiment Présidence du mardi 8 au jeudi 10 février). Au programme des trois jours de réjouissances, on trouve des ateliers sur la « gouvernance », la « stratégie en matière de valorisation » et les « partenariats » développés en direction des « pôles de compétitivité »... Empruntés au vocabulaire du management du secteur privé, ces mots remplacent de manière commode les « inégalités entre étudiants », la « précarité des salariés contractuels » ou la « souffrance au travail des personnels »… autant de questions qu’il est de bon ton de ne pas évoquer auprès de la direction de l’UCBN ou des prétendus « experts » de l’AERES.
Mais qu’est ce que l’AERES au fait ? Créée en 2007, la même année que la tristement célèbre loi LRU, l’AERES « entend contribuer à l’amélioration de la qualité du système de recherche et d’enseignement supérieur, en accord avec les recommandations européennes et les décisions des ministres européens dans le cadre du processus de Bologne » (site de l’AERES). Dans l’esprit du processus de Bologne, il s’agit surtout de réformer les universités afin de les préparer à entrer dans une « économie mondialisée de la connaissance », avec toutes les conséquences néfastes que l’on connaît sur la destruction du service public d’enseignement et de recherche (professionnalisation à outrance des enseignements, suppressions des disciplines et des filières « non-rentables », marginalisation des recherches menées dans une perspective critique, inégalités croissantes entre des pôles dits « d’excellence » et des antennes universitaires de seconde zone, etc.). Pour autant, ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres, et l’AERES a vu son budget tripler entre 2007 et 2009, une évolution dont bien des universités auraient aimé pouvoir profiter sur la même période.
Enfin, rappelons que l’AERES ne fonctionne que grâce à ces fameux « experts », qui sont surtout des mandarins qui trouvent là l’occasion de renforcer leurs réseaux de pouvoir et leurs privilèges dans l’institution. Pour la seule année 2009, il convient donc de remercier les 106 chercheurs et enseignants-chercheurs détachés à temps partiel auprès de l’AERES, ainsi que les 3771 « experts » sollicités lors l’évaluation des unités de recherche, pour leur contribution à la casse du service public d’enseignement et de recherche.
Face à ces dérives bureaucratiques, l’intersyndicale CGT – SUD-Éducation – UNATOS-FSU revendique la dissolution de l’AERES et l’abrogation de la LRU.