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Déclaration de Sud Education Basse-Normandie au CTP Académique du premier avril 2011 | ![]() |
La suppression acharnée des emplois de la fonction publique dont témoigne une fois de plus les mesures à l'ordre du jour et les multiples réformes ad hoc inventées au fil de l'eau pour y parvenir ont entraîné des modifications dans l’organisation du travail des personnels qui engendrent de plus en plus de violences dans le travail. Conjointement, les pressions hiérarchiques se sont accrues, les moyens de contrôle et de conformation des comportements se sont multipliés et d'épais discours idéologiques ont été martelés afin de paralyser toute volonté de contestation de la part des personnels de l'éducation, des élèves et de leurs parents.
Nous dénonçons les risques psycho-sociaux ainsi créés dans les établissements d'enseignement et les souffrances consécutives à ces violences. La santé des personnels est confiée de par la loi aux services de l’État. Ainsi, ses représentants doivent tout mettre en œuvre pour la préserver :
- par des visites médicales, ce qui suppose des personnels de santé en nombre suffisant ;
- par des réponses aux questions posées dans les cahiers CHS (-CT) ;
- par l’organisation de la prévention des risques professionnels notamment à l’aide du Document Unique dans lequel nous entendons que les risques psycho-sociaux figurent en bonne place.
Des causes externes et internes de souffrance au travail ont été dénoncées par les personnels. Elles portent sur la question générale de l’organisation du travail. En la matière, on doit relever :
- la multiplication des tâches et des objectifs parcellaires qui a pour conséquence de renvoyer une partie du travail sur le temps personnel ;
- la mise en place d'outils informatiques et de moyens de communication exclusivement électroniques assortie de l'impératif d'être disponible et réactif à toute heure ;
- des moyens insuffisants qui diminuent les possibilités de dédoublement des classes pour les élèves en difficulté ou pour la réalisation des objectifs des programmes, par exemple dans les sciences expérimentales, ce qui fait naître pour un enseignant le sentiment de ne pas pouvoir faire son travail convenablement ;
- des pressions plus ou moins explicites pour que soient acceptées des heures supplémentaires en grand nombre ;
- des référentiels et des règlements d’examen qui n'existent pas à quelques mois des épreuves ;
- des retards de paiement des salaires des personnels précaires ;
- des formes de « menaces » qui incitent les personnels à changer d’emploi (enquêtes sur les projets personnels d’avenir professionnel) ;
- des inspections et des évaluations qui culpabilisent les personnels et qui affectent leur santé morale par le stress qu’elles peuvent engendrer ;
- des sous-effectifs chroniques pour tous les personnels et l'injonction qui est faite d'effectuer le même travail en étant moins nombreux ;
- des dépassements « d’heures normales de travail » (réunions tardives) à tel point que les personnels ne savent plus quand leur travail s’arrête ;
- des salles de cours peu ou pas insonorisées ;
- des ateliers qui ne sont pas nettoyés, dont certains recèlent des particules cancérigènes (bois et fer) ;
- l’obligation pour les personnels de demander leurs visites médicales périodiques du travail qui sont pourtant de droit ;
- des visites d’élèves en stage avec des véhicules personnels ;
- et la liste n'est pas exhaustive.
Le croisement ou la conjonction de ces multiples facteurs peut avoir des conséquences dévastatrices : sentiment d’inutilité, de travail mal fait, d’épuisement, stress, culpabilité, etc. ce qui peut entraîner des suicides ou des tentatives de suicide. Cela s'est produit à plusieurs reprises dans l’académie ces derniers mois.
Des tribunaux ont condamné des employeurs privés à l’origine de telles pratiques pathogènes de telle sorte qu'ils ont été obligés de modifier l'organisation du travail qu'ils avaient mis en place. L’État-employeur ne peut se placer au-dessus des lois. C'est pourquoi nous attendons du ministère de l’Éducation Nationale et de ses représentants dans l'académie l’arrêt de ces méthodes d’organisation du travail et de gestion des personnels. Nous sommes résolus à mettre en œuvre toute action utile pour que l'école et l'université publiques ne soient plus un lieu destructeur de la santé, du plaisir de vivre et des valeurs d'égalité et de liberté qui animent les personnels de l'éducation.