Fédération des syndicats
SUD Education

Déclaration de SUD Education et de Solidaires du 18 février 2013
Conseil Académique de l'Education Nationale

Pour la cinquième année consécutive, nous constatons que le Conseil Académique de l'Education Nationale ne précède pas mais suit le Comité Technique Académique et nous regrettons cette situation qui nous semble contraire à l'esprit de ces deux instances. Nous dénonçons cette situation absurde : en effet on vote d’abord et on consulte après ! Si la promesse du « Changement, c’est maintenant » doit être tenue, alors il ne faut surtout pas plagier les méthodes utilisées sous l’ère Sarkozy à savoir inverser l’échéance de ces instances. A cela s'ajoute, en ce qui concerne l'enseignement professionnel, la vision très lacunaire qu'offrent les documents fournis aux membres de ce conseil. Ainsi, si les modifications de l'offre de formation en lycée professionnel nous sont apportées, nous n'avons aucune donnée sur l'évolution des structures. Est-il prévu un groupe d'élèves ou davantage pour tel baccalauréat professionnel dans tel établissement ? Nous n'en savons plus rien. De même, nous ne disposons d'aucune information précise sur la formation professionnelle dans les établissements privés sous contrat, de même que dans les CFA publics. Et enfin, la carte des CAP en LP qui devait être révisée après l'implantation des Bac Pro 3 ans, n'est toujours pas à l'étude.


Vous nous affirmez que vous ajustez de façon arithmétique les besoins alloués aux établissements au nombre d’élèves prévu-e-s mais vous admettez vous-même dans les documents que vous nous avez fournis que les chiffres des effectifs annoncés ont été sous-estimés dans les collèges, dans les lycées et dans les lycées professionnels. Les prévisions sont toujours inférieures de 2 à 300 élèves, ce qui vous permet de supprimer allègrement des postes et de diminuer l’offre de formations dans certaines filières dont celles du tertiaire, or il y a une augmentation constatée dans tous les établissements. En lycée professionnel, les places offertes lors d'une rentrée sont préalablement décidées et ne dépendent pas du souhait d'inscription des élèves. Il s'agit donc bien d'une volonté de vider les lycées professionnels. Vous avez donc créé une baisse des effectifs par des modifications de la carte des formations qui vous permettent une très faible augmentation des postes de PLP comme vous le demande le ministère. Comment alors croire aux projections que vous nous annoncez pour les rentrées 2014, 2015 et 2016 ?


Le 17 février 2012, M. Beauvais, Président de Région, a dénoncé, dans un communiqué AFP, la fermeture possible de 7 lycées professionnels à l'horizon 2014, en lien avec les décisions politiques du précédent gouvernement. Faut-il rappeler que les plateaux techniques ont été revus par la Région pour les baccalauréats professionnels en 3 ans ? M. Beauvais a précisé que :

« Les effets induits sont catastrophiques :

  • pour les jeunes qui voient leurs conditions d’études se dégrader (diminution de l’offre éducative ; classes surchargées ; décrochage…) ;
  • pour les familles contraintes de financer des déplacements et des frais d’hébergement toujours plus importants, quand elles le pourront ;
  • pour les lycées et les communautés éducatives qui ne comprennent pas ces choix remettant en cause leur vocation de service public ;
  • pour les territoires en termes d’aménagement, de cohésion et de dynamisme économique ;
  • pour la Région, en termes de finances publiques, qui investit chaque année pour rénover, entretenir des bâtiments et équiper des établissements permettant une offre éducative de qualité. »

Nous partageons cette analyse mais il semble, à la lecture des prévisions de rentrée 2013 que nous n’en tirions pas les mêmes conclusions

Trois nouveaux établissements vont être labellisés Lycées des Métiers. Nous dénonçons les points forts qui prônent la mixité des publics, la régionalisation des formations, et qui officialisent la sortie de la formation professionnelle sous statut scolaire. La labellisation n’est qu’une déclinaison des chartes qualité de production. Cette mascarade de valorisation contribue à détruire le service public d’éducation sous statut scolaire.


En parallèle, nous continuons d'assister à un matraquage médiatique vantant les mérites de l'apprentissage, à une multiplication des lycées des métiers pouvant accueillir des apprenti-e-s. Et nous ne voyons toujours pas venir une communication élaborée et de qualité vantant les mérites des formations professionnelles sous statut scolaire dans les LP. Sans cette volonté de communiquer sur ce type de formation, on peut se demander si le développement de l'apprentissage public n'a pas pour but de vider les LP des autres formations.


La lecture de la répartition de la DHG indique clairement votre volonté de diminuer fortement les bac pro tertiaire Gestion des administrations. Par exemple, au LP Victor Lépine il y a 72 élèves en 1ère soit 3 classes de 24 et vous prévoyez seulement 63 places en terminale (soit 2 classes). La même démarche sur les mêmes sections est prévue dans d'autres établissements, voire même dans la même commune (Lycée Camille Claudel) : que deviennent les élèves de 1ère qui ne pourront pas finir leur formation au lycée V. Lépine ? Quelle perspective pour les élèves ayant échoué une 1ère fois au bac pro ? Devrons-nous compter ces élèves sans placement dans la cohorte des élèves sorti-e-s du système éducatif sans diplôme ?


Les lycées sont aussi les laissés pour compte des dotations. Certains lycées voient leurs élèves augmenter et leur DHG diminuer, les lycées technologiques paient comme toujours un prix très lourd. La volonté sous-jacente n'est-elle pas, la disparition pure et simple des lycées technologiques ? Ils coûtent encore trop cher, leur rôle d'ascenseur social n'est visiblement pas une priorité.


En raison de ces constats, la section Sud Education du lycée Rabelais d’Hérouville vous a fait parvenir par lettre, ses questionnements et une demande d'audience à propos du transfert du lycée à Ifs. Le personnel est en attente d’informations précises sur les conditions de rentrée 2014 : Quelle carte des formations ? Quel personnel de Région ? Quel personnel rectoral ? Les personnels des lycées Laplace et Rabelais souhaitent une information objective pour pouvoir choisir de participer aux mutations cette année s’ils le jugent nécessaire.


Les sections technologiques et professionnelles ont payé un lourd tribut à la RGPP. Elles en ont été déstructurées. Loin de la « refondation » annoncée, les politiques éducatives s’inscrivent dans une grande continuité avec celles de ces dernières années. La programmation budgétaire est très en-deçà des besoins. La situation des élèves, les conditions de vie et de travail des personnels se dégradent. Certains projets actuels vont encore aggraver cet état de fait. Nous exigeons l’abandon immédiat de réformes inacceptables :


  • - Retrait du décret Peillon sur les rythmes scolaires ! De nouvelles régressions sont contenues dans ce décret : pouvoir accru des collectivités territoriales, inégalités croissantes, conditions de travail plus difficiles.
  • Retrait de la régionalisation de l’orientation ! C’est la conception même de l’orientation scolaire qui est en jeu ! Rabattue sur l’information, assujettie à l’insertion professionnelle, elle correspond à l’idéologie d’une école conçue de plus en plus ouvertement comme une fabrique de "chair à patrons».
  • Retrait de la décentralisation de la carte de l’enseignement professionnel ! Accepter l’ouverture et la fermeture des sections de formation arrêtées par la Région, c’est livrer le service public au bon vouloir des entreprises du bassin d’emploi (appauvrissement de la carte des formations, inégalités entre les Régions, suppressions de postes et fermetures de sections en LP ou transformation en CFA, voeux d’orientation des élèves non respectés).


Nous refusons toute territorialisation de l’éducation. Les projets de lois d’orientation doivent être abandonnés, le processus doit être reporté pour que les personnels puissent enfin y prendre part et pour que toutes les questions y soient posées. Aucune remise en cause des modifications récentes des référentiels diplômes, toujours la même volonté de favoriser l’implantation des sections d’apprentissage : le changement ce n’était pas pour la rentrée 2012, mais ce n’est pas non plus pour la rentrée 2013 ! Une tout autre loi d’orientation doit être élaborée, pour une école égalitaire et émancipatrice, dans le cadre d’un véritable service public national de l’éducation.


Les élèves issu-e-s de milieux sociaux défavorisés, malgré les aides financières, se déplacent avec difficulté vers les établissements où ils/elles trouveraient la section de leur choix car ces établissements sont trop éloignés. Ces jeunes n’auront pas de formation à cause d’une politique libérale inique qui ne leur permet pas de s’épanouir en tant que citoyen-ne-s adultes et responsables. Les internats d’excellence offrent bien peu de places au regard du nombre de bénéficiaires potentiel-le-s. La peau de chagrin des formations permet à l’Etat et aux Régions de se dédouaner et de rejeter la faute sur les personnels de l’Education Nationale. Là encore il y a un énorme clivage entre les discours politiciens et la réalité du terrain. Ne soyez donc pas étonné-e-s de voir une recrudescence de l’absentéisme scolaire, du décrochage scolaire. La dernière « trouvaille » pour endiguer la déscolarisation est l’instauration d’un « machin-qualité » qui porte le nom de Lycées des métiers. Malheureusement les chartes qualité ne sont pas la panacée mais un moyen libéral de rejeter la faute sur les moyens et non sur l’employeur. Encore une fois l’employeur se décharge de ses responsabilités …cependant et fort heureusement il demeure responsable de la santé et de la sécurité des ses personnels !


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