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Déclaration SUD Éducation au CTA du 25 mars 2013
Le décret sur les rythmes scolaires doit être abrogé et il faut mettre en chantier un autre projet qui réponde aux besoins des élèves et aux revendications des personnels. La politique gouvernementale sur la question des rythmes scolaires s’inscrit dans la logique de la loi d’orientation et aussi dans celle de la loi de décentralisation. Toutes les deux vont dans le sens d’une territorialisation de l’école et d’un éclatement du cadre de référence national qui ne garantiront pas l’égalité entre les usagers du service public d’éducation sur tout le territoire.
En ce qui concerne la formation professionnelle, nous restons opposés à la mise en œuvre par les régions de la formation professionnelle initiale et continue.
Il est à craindre un développement de formations qui enfermeront les jeunes et les salariés dans le seul marché de l’emploi ou du chômage local. L’inégalité de moyens entre les régions va entraîner deux type de formations : celle qui auront l’accord de l’État et sa participation financière et celle qui resteront à la seule initiative des régions. Sur ces dernières le risque est grand de voir se développer des formations uniquement pilotées par les régions hors des cadres nationaux diplômant pour les élèves et statuaires pour les enseignants.
En ce qui concerne l’apprentissage. …. Avec le passage aux régions des CFA ce qui restait de cadrage national va disparaître avec la réglementation locale qui est inscrite dans la loi. Nous rappelons ici que pour nous les Lycées Professionnel et Technologique (en post-bac) sont les seuls lieux, contrairement aux Centre de Formation d’Apprentis qu’ils soient publics ou privés, qui permette d’associer enseignement professionnel et enseignement général apportant aux lycéens autonomie et esprit critique dans la construction de leur formation professionnelle et personnelle. Les régions et l’État font conjointement la promotion de la formation par alternance depuis plusieurs années mais n’arrivent pas à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Une des raisons principales réside dans la sélection par les entreprises de ceux et de celles dont le niveau assure rapidement intégration et productivité.
L'UIMM s'invite (ou plutôt voit se dérouler un tapis "rouge") dans les lycées technologiques, elle peut à loisir y vanter les mérites de ses formations même si celles-ci sont en concurrence directe avec celle assurées dans le public. Le candidat Hollande n'est-il pas venu le 5 janvier 2012 faire sa campagne sur la formation professionnelle à Caen, au CFAI ? Tout est dit.
Sur de nombreux autres sujets, le gouvernement ne rompt pas avec les politiques précédentes. Aucune augmentation des salaires n’est envisagée, les fondements mis en place par la loi Fillon de 2005 ne sont pas remis en cause, la programmation budgétaire est très insuffisante, comme le confirme la communication des mesures de carte scolaire et des dotations horaires pour la rentrée 2013.
Le recours aux postes spécifiques est de plus en plus répandu, la plupart du temps sans réel motif à part celui de choisir les enseignants qui vont rester. Encore 10 postes transformés dans l'académie qui échapperont aux règles communes du mouvement.
Encore 14 postes supprimés en lycées, en revanche les établissements embauchent du personnel avec des contrats privés précaires, nous parlons ici des Emplois d’Avenir Professeur. Sur les 40 supports budgétisés, 35 sont en cours de recrutement. Seuls 2 établissements ont été clairvoyants en refusant ces embauches. On supprime des postes de fonctionnaires titulaires et on embauche des précaires, quelle belle évolution du service public d’éducation !
Les conditions de vie et de travail, pour de trop nombreux élèves et personnels vont continuer à se dégrader ; c’est ce que vient encore d’illustrer la publication d’extraits du rapport du CHSCTA de Nancy-Metz par le café pédagogique, montrant la souffrance au travail des enseignants de STI2D sans parler de ceux qui subissent des reconversions contraintes ou perdent leur poste consécutivement à la « réforme ».
PARTIE LP
Monsieur le Recteur, une délégation composée d’enseignant-e-s, d’un C.P.E, d’un élève et d’un parent d’élèves du lycée Victor Lépine vous a sollicité pour une demande d’audience. Cette délégation a refusé d’être reçue par Monsieur le Secrétaire Général et votre Directeur de Cabinet sans votre présence le jeudi 21 février. Sous la pression d’une centaine d’élèves venue manifester leur mécontentement devant le Rectorat, la date d’une nouvelle entrevue devait être fixée très rapidement, mais celle-ci à ce jour se fait encore attendre. Pour ces enseignant-e-s, Monsieur Le Recteur vous êtes sensé incarner la refondation de l’école et à ce titre il nous semble que vous êtes le seul à pouvoir répondre à leurs interrogations légitimes. Ils/elles tiennent toujours à vous rencontrer, pour qu’il leur soit clairement confirmé que plus de 10 élèves de première bac pro tertiaire ne pourront pas être accueilli-e-s au lycée Victor Lépine à la rentrée 2013 et qu’aucun redoublement d’élèves de terminale ne pourra être possible du fait de la suppression d’une classe de terminale.
La lecture des documents de ce C.T.A., confirme hélas que la pratique des suppressions de postes n’est pas qu’un mauvais souvenir. En effet pour les lycées professionnels, où la création de 7 postes était envisagée, nous constatons 14 suppressions de poste. Mais qu’est ce qui peut motiver ainsi les proviseurs à supprimer des postes ou ne pas en créer alors que les moyens leur étaient donnés ? Décidément nous n’avons pas la même conception d’un enseignement professionnel de qualité. Car derrière ces chiffres ce sont des enseignant-e-s, des personnes physiques en moins, intervenant dans les lycées professionnels.
Les établissements embauchent des Emplois d'Avenir Professeurs, le parallèle avec le paragraphe précèdent est édifiant, on supprime des postes de fonctionnaires titulaires et on embauche des précaires, quelle belle évolution du service public d’éducation !
Ces remontées de suppressions de postes s’inscrivent encore une fois dans la destruction des lycées professionnels et font suite aux contre réformes que nous dénonçons depuis longtemps.
Le bac pro en 3 ans, le lycée des métiers, le développement de l’apprentissage, la mixité des publics, la diminution de l’offre de formation tertiaire, la généralisation du tout CCF … permettraient donc de fonctionner avec moins d’enseignant-e-s alors que la charge de travail n’a de cesse d’augmenter. Il faudra bien qu’un jour vous teniez compte de la dégradation des conditions de travail des enseignant-e-s, et de leur souffrance au travail. Aussi nous vous conseillons très vivement la lecture du rapport N° 601 du Sénat à ce sujet, par la Sénatrice Mme Brigitte GONTHIER-MAURIN, dont le premier point s’intitule : « UN CONSTAT : LA SOUFFRANCE ORDINAIRE DES ENSEIGNANTS » - cf http://www.senat.fr/rap/r11-601/r11-601_mono.html.
Nous dénonçons aussi la multiplication des postes à profil, SPEA. Il est rappelé que ces postes sont pourvus par nomination et ne sont donc plus liés au barème, porte ouverte à tous les arbitraires possibles. Il y a même des collègues nommé-e-s sur des postes SPEA en section européenne sans que le projet d’ouverture de la section européenne n’ait été votée en CA, ni que le proviseur n’ait demandé la transformation du poste en poste SPEA. Nous sommes pour le moins surpris que l’administration puisse fonctionner en dehors des règles imposées par le code de l’éducation.
Il semble encore nécessaire, ici, de rappeler que seul le lycée professionnel est capable de proposer aux jeunes une formation professionnelle de qualité indépendante des contraintes économiques et des logiques libérales. Il permet aussi de former des citoyen-ne-s averti-e-s, capables de discernement devant les employeurs, et non pas de simples exécutant-e-s formaté-e-s à la docilité.
Télécharger la déclaration - Déclaration partie LP - Rapport n°601 du Sénat