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Fédération des syndicats |
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Déclaration Direction Académique - 14 novembre 2013
Mes chers camarades, mes chers collègues,
Tout d’abord félicitons nous de cette première journée d’action qui au regard du nombre de personnes présentes ici est un réel succès : elle en appelle d’ores et déjà d’autres afin de faire entendre nos revendications légitimes et nous faire gagner.
Cette journée d’action est, je le rappelle, une initiative intersyndicale FO, CGT, SUD mais aussi interprofessionnelle, et c’est à souligner. Certes il faut "regretter" que le syndicat majoritaire des enseignants du premier degré n'ait pas voulu être partie prenante de la colère des collègues et des personnels territoriaux mais les syndicats majoritaires des collectivités territoriales sont eux belles et bien là. Pour la première fois, les personnels municipaux sont appelés à la grève nationale avec les enseignant-e-s.
Nous sommes conscients de la nécessité d'une bataille nationale sur ce sujet mais déjà cette mobilisation est décisive pour l’avenir de ce combat : ce qui est en train de se construire c'est bien une résistance à la base où, pour une rare fois, les personnels scolaires et périscolaires sont au coude à coude.
Ce qui nous rassemble aujourd’hui personnels en grève c’est notre refus de la réforme Peillon et le décret des rythmes scolaires tel qu’ils sont mis en place ! Il faut le dire haut et fort : cette réforme n'a reçu l'aval d'aucune organisation syndicale ni d'ailleurs des associations parentales parce que les valeurs de l'école apparaissent menacées par le décret Peillon. Nous ne souhaitons pas de statut quo ou en rester à la semaine Darcos mais si nous voulons être ambitieux pour notre école et pour les élèves il faut s’en donner les moyens : ce n’est pas le cas avec ce qui nous est proposé par M Peillon et ce gouvernement ! Pour SUD éducation, une réforme des rythmes scolaires est inséparable d’une amélioration des conditions d’accueil et d’enseignement pour les élèves et des conditions de travail de l’ensemble des personnels.
Depuis des mois, nous condamnons tant le fond que la forme de cette réforme : Dans la petite portion des communes qui ont opté pour son application dès cette année, la mise en oeuvre de la réforme confirme la pertinence de ces critiques que nous n’avons eu de cesse de lui opposer : inégalités territoriales accrues entre communes riches et pauvres, rurales et urbaines, entre quartiers d’une même agglomération ; injustices sociales aggravées avec des services payants et/ou sélectifs - Le ministère lui-même est contraint de reconnaître que dans plus d’une commune sur huit (12,8 %) les activités périscolaires mises en place sont payantes pour les familles, même s’il cherche à minimiser cette information. On constate à quel point le ministère tourne le dos à l’égalité et au service public ! - pataquès organisationnels susceptibles de mettre en danger la sécurité des élèves ; mise en cause des droits des travailleurs/ses ; fatigue supplémentaire pour les élèves et les personnels ; développement de la précarité ; dégradation des conditions de travail liée à l’occupation des locaux ; démantèlement du service public et recours à des prestataires privés car la dotation financière de l'état est très loin d'être à la hauteur du coût réel des besoins pour mettre en place l'ouverture à des activités enrichissantes : dans bien des cas, le temps péri-scolaire se bornera à une simple garderie souvent payante
Sur la forme, faute de moyens, une majorité de collectivités territoriales ne peut respecter le cadre initial. De ce fait, nombreuses seront les communes qui solliciteront des dérogations pour l'organisation des activités péri-éducatives ne pouvant recruter le personnel formé nécessaire. Nous dénonçons la désorganisation que ce décret provoquera : des horaires variables qui compliqueront l'organisation parentale, perturberont les rythmes de l'élève et dégraderont les conditions de travail des enseignants et des agents territoriaux. Nous ne pouvons l'accepter !
Et puis prenons le temps de revenir sur les aberrations qu'impliquent le décret Peillon :
- l'uniformisation de ce décret bafoue totalement les élèves. Le rythme chrono-biologique de l'élève de maternelle est-il similaire à celui d'un élève de 7, 8 ou 11 ans ?
- le temps en collectivité et en groupe lourd est-il remis en cause par ce décret ? A l'évidence, non puisque les taux d'encadrement ont même été révisés à la hausse.
- la vision globale de l'élève par l'enseignant sera mise à mal par le morcellement des activités et des intervenants !
- la confusion naîtra inévitablement entre l'école et le temps périscolaire, entre les rôles tenus, à différents moments, par les personnels (atsem, intervenants...)
- l'utilisation problématique des locaux.
Une réforme des rythmes ne sera réellement efficace que si le contenu de la semaine est discuté. Des préalables sont importants car l'école a subi des violences et des saccages durant des années par la destruction de 80 000 postes, par la casse des RASED...
La refondation de l'école est impérative et urgente !
Nous demandons que les questions de fond soient posées :
- la réduction des effectifs,
- l'aide aux élèves en difficulté par des RASED à nouveau opérants,
- l'écriture de programmes adaptés
- l'aménagement de la journée, de la semaine et de l'année basé sur de réels travaux scientifiques et ayant pour seul objectif l'intérêt de l'élève.
Nous interpellons vivement le gouvernement afin qu'une véritable refondation soit mise en oeuvre dès maintenant sur des bases qui renforcent les valeurs de l'école publique et avec l'objectif d'assurer une égalité des droits sur l'ensemble du territoire. L'objectif doit être clairement l'intérêt et l'épanouissement de l'élève.
C'est pourquoi face aux multiples oppositions, seul le courage politique est salutaire : Ecoutez les critiques fondées et prenez le temps des discussions nécessaires pour que l'école de demain soit portée par un consensus large, seul garant de la réussite des élèves !
La contestation, loin de s’estomper, revêt aujourd’hui de multiples formes, portées par des enseignant-e-s excédé-e-s, des agents municipaux surexploité-e-s, des parents d’élèves inquiet-e-s, des communes en difficulté. Le décret doit être abrogé ; imposons par nos luttes des alternatives pour l’école publique, les personnels et les élèves !