Fédération des syndicats
SUD Education

Déclaration préalable au CTSD du 8 novembre 2013

 

La première réelle rentrée scolaire de ce gouvernement a eu lieu voilà quelques semaines et marquait le début de la mise en place des nouveaux rythmes scolaires dans le cadre de la refondation de l'école : elle ne s'applique que dans quelques communes et, à l'exemple de Caen, contre l'avis unanime des personnels. Surtout elle matérialise la privatisation de l'éducation et la territorialisation de l'Education Nationale par la place toujours plus importante des collectivités territoriales et du privé dans la gestion de l'école.


Le décret d’application de janvier avait fixé un cadre général : les journées de classe ne doivent plus dépasser 5 h 30, en contrepartie d’un retour du mercredi matin travaillé. Ce sont les communes qui avaient le dernier mot concernant l'organisation du temps scolaire et c'est donc un peu partout un joli capharnaüm .Sur les communes qui ont franchi le pas en cette rentrée, une majorité a choisi d’amputer trois quarts d’heure d’école chaque après-midi. Les élèves finissent ainsi les cours à 15 h 45 quatre jours par semaine et auront trois heures de cours le mercredi matin. Mais ce schéma n’a pas séduit partout et les possibilités d'organisation risquent de se multiplier (pas moins de 17 configurations différentes) encore à la rentrée 2014. Cette réforme, prétextant le bien-être des enfants et les études des fameux chronobiologistes, situant la « disponibilité optimale » des enfants du primaire entre 9 heures et 11 heures et entre 14 h 30 et 16h, ne remplit donc pas ses objectifs initiaux.


Concernant les activités périscolaires (APS), là encore la réforme est mise en place sans moyens pour être appliquée correctement : en essayant d’installer une gestion à coûts restreints du temps périscolaire par le biais des municipalités, l'État abandonne tout principe d'égalité. En plus de créer des inégalités criantes entre écoles et entre communes selon l'état des finances locales et les politiques éducatives menées, l’État offre un boulevard aux acteurs du périscolaire, un secteur déjà en plein essor.


Quant au contenu des activités, on oscille, selon les moyens des communes, leurs priorités et le tissu associatif local, entre la promesse d’ateliers variés (cirque, musique, théâtre, activités sportives...), assurés par des éducateurs diplômés, et la simple « garderie » effectuée par des bénévoles.


A Caen par exemple, la mise en place d’animateurs en APS est réellement problématique pour les maternelles malgré les promesses faites l'an dernier par la municipalité. Les Petites et Moyennes Sections n'auront le droit à aucune activité spécifique mais à une simple garderie. Cette gestion est inacceptable et un collectif de parents d'élèves a été mis en place dans le but de créer un rapport de force et faire stopper cette inégalité.


Du côté de nos collègues, toujours plus « stressé-e-s », les attentes sont encore grandes et les espoirs minces. Alors que l'année passée le gouvernement tentait d'en finir avec dix années de suppressions de postes et annonçait une grande réforme de l’Éducation Nationale, l'attente légitime des collègues était importante. Mais sans surprise pour le syndicat SUD Éducation, le recrutement effectué n'a pas été à la hauteur des annonces et des promesses du gouvernement et ne couvre pas les besoins réels des écoles.


D'autre part, des écoles et leurs équipes enseignantes ont vécu la rentrée en ne sachant pas si une classe ouvrirait ou fermerait le soir même. Les ajustements de rentrée envisagés sous l’angle de transferts de postes au sein d’une même commune ou communauté de communes sont perturbants pour tous-tes, élèves, parents et enseignant-e-s. Les collègues, touché-e-s par ces transferts ou susceptibles de l'être et se préparant à changer de lieu d’exercice, de niveau(x) d’enseignement alors qu’ils/elles s’étaient préparé-e-s tout l’été pour le poste sur lequel ils/elles étaient affecté-e-s, ont parfois mal vécu cette situation.
Concernant les RASED, les inquiétudes sont toujours grandes et le statut quo ne peut nous satisfaire : les dernières années, les suppressions de postes ont été conséquentes c'est pourquoi nous demandons un redéploiement dès la rentrée prochaine de réseaux complets sur tout le territoire afin de pouvoir agir efficacement avec nos collègues.


A cela vient s'ajouter, la multiplication de contrats précaires dans l'Education Nationale. SUD Education estime que ce n'est pas une réponse adaptée ni pour les élèves ni pour les collègues : nous exigeons toujours un véritable statut de fonctionnaires pour ces collègues et une réelle formation. Le rapport Komitès préconisait de professionnaliser un métier et non certains types de contrats. Pour la rentrée prochaine sur l'Académie, seules 40 personnes sont éligibles à une CDIsation. Quel avenir pour les 1580 personnes en contrat aidé dans l'Académie ? Le rapport préconisait également des temps pleins, rendus possibles par la prise en charge par l'AJH de l'élève sur des temps extra-scolaires : nous ne pouvons accepter des temps partiels imposés, même en CDI, qui ne permettent pas aux personnes de sortir de la précarité. Même si en termes de formation quelques progrès ont été réalisés, SUD Education estime que c'est trop peu, d'autant plus que ces avancées sont légitimées par le Ministère par les contentieux trop nombreux gagnés sous prétexte de lacunes au niveau de la formation qualifiante.


Enfin la situation des collèges du Calvados est inchangée par rapport aux années précédentes: le taux d'encadrement de 24,93 reste identique à celui de l'année passée.


La refondation tant attendue n'est donc pas au rendez-vous et nous exigeons de réels moyens pour les collèges dès la rentrée prochaine.


Nous exigeons que de réelles réponses soient apportées à cette liste, non-exhaustive, des difficultés rencontrées par nos collègues. Au regard de l'ensemble de ces problématiques, SUD Éducation exige de surseoir la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Des préalables importants sont à mettre en place avant toute réforme des rythmes afin que tous-tes les collègues (enseignant-e-s, agents) et tous-tes les élèves puissent enfin obtenir des conditions de travail et de réussite décentes. Nous ne pouvons que nous opposer à une refondation qui n’en a que le nom : SUD Éducation et Solidaires ne partagent pas ce projet d’école qui ne correspond en rien à une école pour toutes et tous mais à une école « utilitariste » que les gouvernements successifs tentent de rapprocher du modèle de l’entreprise libérale. Pour enrayer ce processus, il nous faut changer d'orientation et redéfinir notre modèle de société car sans cela les mesures en faveur de l’école ne pourront être réellement efficaces.


C'est sur ces bases que SUD Education et Solidaires appellent l'ensemble des personnels du 1er degré ainsi que les personnels des collectivités territoriales, animateurs, éducateurs territoriaux, enseignants artistiques territoriaux et ATSEM, à faire grève le jeudi 14 novembre 2013, pour obtenir la suspension immédiate de la mise en oeuvre de la réforme et l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires.


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