Déclaration Comité Technique Académique du 28 mars 2014
Nous ne pouvons commencer cette déclaration sans parler du rassemblement qui a lieu devant le Rectorat. Des collègues se sont mobilisé-e-s pour montrer leur mécontentement.
En effet, le mercredi 26 février, dans le cadre intersyndical (FSU, SUD, CGT, CFDT, UNSA), des délégations d’établissements du second degré les plus touchés par les restrictions budgétaires ont été reçues au Rectorat.
Les délégations ont dénoncé les conséquences des politiques de restriction des moyens, les classes qui deviennent ingérables en collège ou en lycée professionnel, une recrudescence de la violence, de l’absentéisme et du décrochage.
Elles ont mis en cause la gestion des moyens. Les postes sont supprimés en amont de la rentrée par sous-estimation des besoins. Des structures supplémentaires sont octroyées au compte-gouttes en juillet ou en août afin d’accueillir les élèves sans affectation, en ayant recours aux heures supplémentaires ou à des personnels précaires, bien souvent non formé-e-s. Et tant pis pour les dysfonctionnements occasionnés et l’énergie passée à remanier les emplois du temps.
Elles ont toutes formulé des demandes précises : des classes supplémentaires pour faire face aux effectifs pléthoriques de 35 élèves en lycée et 30 élèves en collège, des heures de dédoublement pour les TP dans les séries technologiques, l’arrêt des fermetures de sections en lycée professionnel et des moyens supplémentaires en encadrement périscolaire (CPE et AED). A chaque fois, le Rectorat a repoussé les demandes, rejetant la responsabilité sur le ministère.
La plupart des répartitions, lorsqu’elles ont été soumises au vote, ont été rejetées.
Derrière les chiffres qui institutionnalisent le manque de moyens, nous dénonçons les conséquences pathogènes de nos conditions de travail et la dégradation des conditions de réussite de nos élèves.
Plus précisément, en lycée professionnel, les suppressions de postes sont, chaque année, toujours plus importantes (ou plus nombreuses) que les créations . L’affaiblissement des L.P. se fait doucement mais sûrement. En 5 ans, 10% des postes de titulaires ont été supprimés dans l’académie. L’année dernière alors que la DHG du Rectorat demandait aux proviseurs de créer 7 postes, 14 ont été supprimés. Cette année, le Rectorat demande la suppression de 3 postes et il en est supprimé 12. Ces suppressions sont génératrices de souffrance au travail pour les personnes victimes de mesure de carte scolaire (changement d'établissement non souhaité, reconversion...) et pour celles qui restent (plus d'élèves par classe, stress de demander une mutation...). Qui est responsable de ce dysfonctionnement ? Les proviseurs qui se montreraient zélés ? Le Rectorat qui répartirait de façon insidieuse les heures pour faire supprimer plus de postes qu’il ne le faudrait ? Quoiqu’il en soit, Sud demande que la répartition des heures vers les établissements soit faite de manière transparente avec des calculs bien précis pour flécher ces heures et qu’il ne s’agisse plus d’un simple paquet d’heures reçues par chaque établissement.
Dans les lycées généraux, la situation se dégrade, alors qu’on nous avait annoncé la fin de la diminution des moyens mise en oeuvre sous l’ère sarkozienne. La restriction non seulement n’est pas stoppée mais est une fois de plus aggravée car les effectifs élèves augmentent alors que nous perdons 14 postes à la rentrée prochaine. Les DHG amaigries octroyées aux établissements entraînent la hausse des effectifs par classe (le nombre de 35 élèves devient la norme), pour que ces DHG soient appliquées il faut récupérer des heures pour assurer les cours, des options sont supprimées, l’aide "personnalisée" aux élèves se fait en classe entière. Les conséquences, nous les connaissons : encadrement des élèves insuffisant, sentiment de travail mal fait et souffrance des collègues, dégradation des conditions de réussite de nos élèves. Nous dénonçons l’affaiblissement continuel de notre service public d’éducation qui atteint des limites au-delà du supportable.
Il est urgent que notre hiérarchie jusqu’au plus haut niveau de l’État s’en alarme et prenne de véritables mesures pour répondre à nos revendications.
Le maintien d'un nombre élevé de postes à profils et de postes « réservés » remet en cause le caractère égalitaire et transparent du mouvement des mutations et retire chaque année un nombre important de possibilités de mutation pour les collègues (à l'inter et à l'intra).
Dans le corps des CPE, l’académie est toujours aussi mal dotée en postes. Certains collèges n’ont pas de CPE depuis des années. Le choix dans les petits collèges de transférer cette fonction aux principaux adjoints est un scandale. Dans les collèges avec des effectifs importants, il y a souvent 1 CPE pour 600, 700 voire même 800 élèves.
Comment un CPE peut-il travailler correctement dans ces conditions ? Le fait de ne pouvoir répondre forcément à toutes les sollicitations des élèves doit être une souffrance pour ce ou cette collègue. La fonction de CPE est pourtant un maillon essentiel et nécessaire au bon fonctionnement d’un établissement et ce ne sont pas les deux postes octroyés qui amélioreront de manière significative le quotidien et des adultes et des élèves de l'académie.
De même, la création de deux postes de personnel infirmier dans l’académie est très insuffisante. Nous dénoncions déjà lors du dernier CTA le partage du temps de travail des infirmiers dans les collèges et les écoles primaires. Sud éducation exige une infirmière ou un infirmier par établissement.
Le 22 août dernier, le gouvernement a annoncé la création d’un « statut spécial », la reconnaissance « d’un vrai métier » pour les collègues accompagnant les élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire. MM. Ayrault et M. Peillon proclamaient alors « la fin de la précarité » pour les auxiliaires de vie scolaire (AVS). Si ce coup médiatique de rentrée a pu susciter une lueur d’espoir chez les personnels concernés et les parents d’élèves en situation de handicap, la réalité, une fois l’effet d’annonce passé, s’avère très cruelle. Nous sommes bien loin d’un métier et de conditions de travail décentes, nous sommes également bien loin des préconisations rendues au printemps dernier par le rapport du groupe de travail interministériel sur la « professionnalisation des AVS » qui a longuement planché sur la question !
SUD éducation affirme que l’accompagnement des élèves en situation de handicap et les conditions de travail de celles et ceux qui les accompagnent méritent tout autre chose qu’un coup de communication.
SUD éducation revendique des moyens supplémentaires pour l’aide aux élèves en situation de handicap et la titularisation sous statut de fonctionnaire pour toutes celles et tous ceux qui ont exercé cette mission.
SUD éducation revendique la mise en place d’une réelle formation, indispensable à l'exercice du métier d’auxiliaire de vie scolaire.
Dans ce contexte SUD éducation réclame :
• le retour à une formation pour les stagiaires, avec un tiers maximum de temps de service devant élèves.
• l’abrogation de la mastèrisation et de toutes les contre-réformes imposées dans l’enseignement général, technologique et professionnel par le précédent gouvernement
• le retrait des projets inacceptables du ministre actuel, et en particulier la décentralisation de l’orientation scolaire, et de la carte de l’enseignement professionnel.
• la baisse des effectifs par classe à tous les niveaux pour améliorer les conditions de travail et d’étude.
• une vraie politique d’éducation prioritaire qui ne se restreigne pas à un nombre extrêmement réduit d'établissements et qui permette de créer des postes et d'améliorer les conditions de travail et d'études en généralisant les décharges de services réservées aujourd'hui à certains réseaux les plus difficiles (REP + par exemple).
• la création de postes statutaires à hauteur des besoins, l’arrêt du recrutement de précaires et la titularisation sans condition de tous les personnels précaires en exercice.
• Une baisse significative du temps de travail qui serait un outil de création de postes et donc de fluidité du mouvement. Toute charge de travail supplémentaire doit donc se traduire non par l’attribution d’une prime mais par une diminution du temps de travail.
• l’application de l’article L4612-8 du code du travail qui dit, je cite: « le CHSCT est consulté avant toute décision d’aménagement important modifiant les conditions de santé et sécurité ou les conditions de travail et, notamment, avant toute transformation importante des postes de travail[..] ou de l’organisation du travail, [...]. »
Malheureusement, force est de constater que la « refondation » de V. Peillon ne va pas dans ce sens. Le choix de l'austérité budgétaire pour les salarié-es et les services publics et des cadeaux aux patrons et actionnaires fait de la refondation de l’école une illusion.